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    23 AVRIL 1889 – 23 AVRIL 2023 

    ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE BARBEY D’AUREVILLY 

     

    Le 23 avril 1889, Jules BARBEY D’AUREVILLY décède d’une maladie du foie dans son petit appartement de la rue Rousselet, à Paris. Depuis au moins un an il était sérieusement malade, à tel point qu’en 1888 il n’avait pas pu se rendre, comme d’habitude, dans sa chère ville de Valognes. Il pressentait que sa fin était proche, et dans une lettre datée de décembre 1887, adressée à son éternelle fiancée, Mme DE BOUGLON, il dressait une sorte de bilan de sa vie. Lord Anxius, comme l’appelaient ses amis, n’a jamais été d’une humeur gaie… 

    Illustration : dans Le Corbeau (1845), célèbre poème d’Edgar Allan Poe, un mystérieux oiseau qui avait pénétré dans la chambre du narrateur, répond toujours avec les mêmes mots à ses questions métaphysiques : « never more » (jamais plus), le plongeant dans le désespoir. Baudelaire cultivait une admiration sans bornes pour Poe, ce qui n’était pas le cas de Barbey d’Aurevilly qui, pourtant, débutait ses lettres par les mots angoissants du corbeau.  

    « Never More [jamais plus] (…) 

    Ah ! ma vie ! Elle a été une vie d’efforts, de luttes, de travail sans repos, mais du moins, elle me sert dans ma vieillesse (cet affreux mot qu’il ne faut pas dire !) et elle me fera peut-être une renommée, peut-être… qui sait ? Je n’ai pas grande croyance à la gloire et j’aurais mieux aimé un peu de bonheur avec vous. Dieu ne l’a pas permis. Il faut se résigner, mais le moyen de ne pas penser aux rêves écroulés… quand on se retourne et qu’on regarde derrière soi… 

    Ma chère âme, je vous demande pardon de vous envoyer, pour un jour de l’An, ces tristesses, mais je suis dominé par des pensées plus fortes que moi. A d’autres époques, j’avais plus de puissance sur moi-même ; je trouvais dans ce que j’écrivais une diversion, un arrachement à une idée fixe, qui me faisait souffrir. C’était cela, avec l’impérieuse nécessité de vivre, qui expliquera mes ouvrages, bien plus que le désir de la gloire que je n’ai jamais beaucoup eu, et d’une popularité que j’ai toujours méprisée comme le siècle qui pouvait la donner et qui l’a donnée à des Indignes ». 

                                                             Julien SAPORI


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    UN « ULTRA-CARTESIEN » REFUSE L’ÉVIDENCE EN NIANT LA PRÉSENCE DU FANTÔME DE BARBEY AU GRAND HÔTEL DU LOUVRE DE VALOGNES 

     

    épisode n° 3 

     

    J’ai évoqué avec mon ami ALCESTE l’extraordinaire enquête de RIP Production effectuée en 2013 dans le Grand Hôtel du Louvre à Valognes (cf. les articles dans ce BLOG : « Le fantôme de Barbey hante le Grand Hôtel du Louvres à Valognes », du 27 mars 2023, et «’’Hantise constatée’’ au Grand Hôtel du Louvre à Valognes », du 08 avril 2023). Je dois avouer qu’en dépit de notre amitié, j’ai été fort déçu par ses réactions.  

    Illustrations :  

    -La cour du Grand Hôtel du Louvre à Valognes, 28 rue des Religieuses (coll. part.).

    -Peter Pan, gravure de 1911(coll. part.).

     

    Dans un premier temps, ALCESTE m’a répondu que, de toute manière, prétendre acquérir la connaissance du monde « de l’au-delà » ou « paranormal » (quel que soit le terme employé) par des moyens techniques (caméras, micros etc.), c’est adopter une procédure absurde et condamnée d’emblée à l’échec. Les anges, selon Saint Jérôme, seraient 72.000 : pourquoi ne pas « démontrer » leur existence par les radars qui capteraient leurs vols ? Là-dessus, il a rigolé (pourtant le sujet est particulièrement grave…).  

    Selon ALCESTE, le fait de chercher à tout prix des fantômes (alors que leur existence est niée par la science), est constitutif d’une démarche qui relève de la « pensée magique », posture psychologique consistant à attribuer à autrui (ou à des « entités » inexistantes) le pouvoir d’accomplir ses rêves et ses désirs. Ce type de pensée se manifesterait principalement au cours de l'enfance (exemple, le Père Noël qui amène des cadeaux) et, à ce stade, doit être considérée comme « normale » ; la poursuivre à l'âge adulte, constituerait la manifestation d’un symptôme d'immaturité, voire d’un déséquilibre mental, caractéristique de ce que les psychiatres appellent le « syndrome de PETER PAN » : l'adulte qui ne veut pas grandir et qui refuse de se confronter à la fois au monde réel et à ses propres responsabilités. De toute évidence, a poursuivi ALCESTE, le syndrome de PETER PAN est aussi au cœur du célèbre roman de Carlo COLLODI, Les aventures de Pinocchio (publié en 1881). PINOCCHIO est un enfant (en bois, certes, mais enfant avant tout) qui se heurte constamment au choc, hélas bien amère, de ses rêves et ses désirs avec la réalité ; réalité qu’il essaye de nier en mentant (d’où le nez qui s’allonge). Or, pour devenir adulte, nous avons tous besoin de naître à la réalité, de sortir de nos fantasmes et de nous confronter au réel. Le succès constant depuis plus d'un siècle de PINOCCHIO, dans quantité de versions, au cinéma comme à la télévision, nous confirme que ce personnage est emblématique de notre époque, qui se caractérise par la persistance de la mentalité enfantine bien au-delà de la puberté : « de nos jours », a ajouté ALCESTE en ricanant, « on reste enfant pendant très longtemps, puis on devient sans transition un vieillard ». Manifestement, les six jeunes dans le vent de RIP Production sont restés des enfants. « C’est mignon de rester enfant », je me suis permis de dire ; « non, jouer à se faire peur à 30 ans, c’est pitoyable », m’a répondu ALCESTE.

    Pour les personnes atteintes par le syndrome de PETER PAN (ou de PINOCCHIO), une seule chose compte : leur ressenti. Je « ressens » que mon esprit était présent lors des Noces de Cana, avec Jésus, et donc c’est vrai. Si vous mettez en cause mon ressenti, vous me brimez : en conséquence, si je suis un enfant, je fais des caprices, je mens et je pleure, et si je suis un adulte, j’essaye (aussi) de mentir, tout en vous accusant de ne pas me respecter, et donc d’être une personne pas tolérante (cf. paternaliste, autoritaire, machiste, suprémaciste, raciste etc.). Je connaissais PINOCCHIO, mais pas le syndrome de PETER PAN, donc je n’ai pas trouvé les ressources nécessaires, « à chaud », pour répliquer à son argumentation. 

    Après, ALCESTE a sorti de sa bibliothèque (un bazar immense, mais dans lequel il se retrouve sans difficulté apparente, je ne sais pas comment…) un livre de l’anthropologue Patrick LEGROS, Esprit es-tu las ? dont il m’a lu quelques lignes. « Il est sensible de remarquer que l’endroit, le temps, influencent la perception des acteurs [du paranormal]. Par exemple, demander à cent personnes si elles croient au fantôme, une nuit d’orage dans un château perdu au fin fond d’un bois sinistre alors que les douze coups de minuit retentissent dans une vieille horloge éclairée par la faible lueur que répand la flamme vacillante d’une chandelle antique, donnera des résultats plus convaincants que si nous les questionnons de même dans le supermarché du coin, au rayon des lessives ». Cet anthropologue de l’université de Tours, je me suis dit, doit encore être un « ultra-cartésien »… 

    Concernant BARBEY et le spiritisme, ALCESTE est catégorique : aucune source, ni directe ni indirecte, n’atteste que le « Connétable des lettres » s’adonnait ou qu’il ait été attiré par les pratiques occultistes, quelles qu’elles aient été. Pourtant, dans ses Memoranda et dans sa correspondance avec les amis et amies, BARBEY n'hésite pas à évoquer ses doutes, ses angoisses et les dérives de sa vie intime (y compris la consommation d’alcool et d’opium, la fréquentation des prostituées, les pulsions suicidaires etc.) ; idem pour ce qui est de sa correspondance, pourtant particulièrement copieuse. Donc, s’il ne parle pas de tables tournantes et d’évocations de fantômes, c’est que tout cela ne l’intéressait guère. Par ailleurs, BARBEY était un catholique de stricte observance, et l’Église a toujours condamné le spiritisme, sous toutes ses formes. Aujourd’hui encore, le Catéchisme de l'Église Catholique déclare à ce propos : « Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées à tort ’’dévoiler’’ l’avenir ».  

    À moins, a poursuivi ALCESTE, que toute cette enquête de RIP Production ne soit une pure et simple entourloupe… voir une escroquerie ? D’après lui, cela nous permettrait de revenir dans le monde rationnel : celui du droit pénal. ALCESTE a donc sorti de sa bibliothèque un Code pénal (éditions DALLOZ), et m’a lu l’article 313-1 : « L'escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité, soit par l'abus d'une qualité vraie, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge. L'escroquerie est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 375.000 euros d'amende ». Selon lui, les « manœuvres frauduleuses » sont caractérisées par une enquête « bidon » digne d’un PINOCCHIO devenu adulte mais resté menteur; reste à déterminer s’il y a eu « préjudice » (financier, voir psychologique) et, surtout, si une plainte a été déposée. Je lui ai signifié, fermement, que je ne pouvais pas le suivre sur ce terrain, car de toute évidence les enquêteurs de RIP Production sont des personnes gentilles, et on n’a jamais vu des gentils devenir méchants. La preuve ? Fox MULDER, le protagoniste de la série X-Files qui est à l’origine de la vocation de chasseur de fantômes de Nicolas AUGUSTO (DIXIT le chef de l’équipe de RIP Production), bien qu’étant un esprit original qui passe son temps libre à se masturber devant des revues porno, est un gentil !  

    ALCESTE, très conciliant, a reconnu avoir été, peut-être, un tantinet excessif en évoquant le Code pénal. Il a donc mis en avant un autre argument : la stupidité. Le stupide, m’a-t-il dit, est convaincu que la croyance est toujours plus forte que la connaissance : s’il « croit » avoir aperçu des fantômes, c’est que c’est vrai (toujours le « ressenti »…). En conséquence, il ne se contente pas de se tromper, mais il est fier de son erreur, s’en vante et veut même que tout le monde l’écoute. Son univers, ce n’est pas l’expérimentation, les études, les archives, les bibliothèques et les laboratoires, mais les réseaux sociaux dans lesquels il mesure son « savoir » à l’aune du nombre « d’amis ». Les conclusions catégoriques de RIP Production concernant la présence du fantôme de BARBEY au Grand Hôtel du Louvre de Valognes, seraient caractéristiques d’une « démarche stupide », prétendant aboutir en un tour de main à des solutions à la fois indémontrables, péremptoires et définitives. Pour sa part, ALCESTE, en brave Normand admirateur de FLAUBERT, considère que vouloir à tout prix conclure, constitue un sérieux indice de stupidité.  

    En désespoir de cause, j’ai essayé d’attirer l’attention d’ALCESTE sur un autre indice, absolument accablant : celui de la trousse de toilette qui a changé de place.  Il a osé hausser les épaules, en me répondant qu’il lui arrive souvent d’oublier où il a rangé sa brosse à dents, sans pour autant que sa demeure soit hantée par des fantômes ! Tu parles de l’argument ! Je l’ai donc quitté, lui déclarant, en colère, qu’il ne connaissait rien à l’outre-tombe ; il m’a répondu : « Tu te trompes, car figure toi que j'ai décidé de vivre éternellement et que, pour l’instant, tout se passe comme prévu ! ». Indécrottable… 

    Je lui laisse donc l’entière responsabilité de ses propos, et je précise à l’attention des lecteurs du blog, qu’ALCESTE est un type bizarre, convaincu, par exemple, que deux et deux font quatre, et que quatre et quatre font huit : quel obscurantisme, digne du XVIIe siècle et d’un personnage aussi abject que DON JUAN ! 

                                                                                        Julien SAPORI 


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    « HANTISE CONSTATÉE » AU GRAND HÔTEL DU LOUVRE À VALOGNES ! 

    épisode n° 2 

     

    Dans l’article précédent (Le fantôme de Barbey hante l’Hôtel du Louvre à Valognes ! 27 mars 2023) nous avons suivi les prémisses de la passionnante enquête de RIP Production au Grand Hôtel du Louvre, à Valognes. La présence d’indices paranormaux extraordinaires (notamment le fait qu’un client ait signalé que sa trousse de toilette avait changé de place !) motive l’équipe d’enquêteurs, laquelle débarque au Grand Hôtel avec un matériel scientifique d’avant-garde, digne de susciter la jalousie de la NASA.

     

     

    Illustrations :

    -Les enquêteurs de RIP Production : une équipe dans le vent, animée par les frères Augusto (coll. part.). 

    -La tombe d’Allan Kardec (1804-1869) au cimetière du Père Lachaise (coll. part.).  « L'homme n'est pas seulement composé de matière » a écrit le célèbre spirite, « il y a en lui un principe pensant relié au corps physique qu'il quitte, comme on quitte un vêtement usagé, lorsque son incarnation présente est achevée. Une fois désincarnés, les morts peuvent communiquer avec les vivants, soit directement, soit par l'intermédiaire de médiums de manière visible ou invisible ».  

    -L’allégorie de la caverne de Platon, gravure (coll. part.). Pour Platon, la vision de la vérité est réservée à certains élus qui parviennent à sortir de la caverne (représentant le monde primitif des sens) et à contempler la vérité de l’Être (représentée par le soleil). Ceux qui se résignent à rester dans la caverne, devront se contenter de regarder sur les parois de la caverne les projections, illusoires, d’images d’effigies défilant derrière eux (le monde « phénoménal »).  

    Caméras, micros, dictaphones et même un EMF, à savoir « un détecteur de rayonnement électromagnétique numérique XRCLIF, avec moniteur de champ électrique et de champ magnétique, et testeurs EMF portatif » (d’après la notice), équipement obligé de chasse aux fantômes (en vente sur e-bay, d’occasion, au prix de 32 €). Un matériel d’une grande complexité, que seuls les spécialistes de RIP Production sont capables de manipuler. Pour ceux qui ne le savent pas, je précise que les fantômes, bien qu’invisibles, consomment de l’énergie et donc leur présence peut être facilement détectée, sans erreur possible, par une baisse de la température car ils « pompent », en quelque sorte, la chaleur. La déambulation nocturne de l’équipe, procédant hardiment dans des couloirs et chambres totalement vides, dans une ambiance spectrale et angoissante, avec en arrière fond une musique digne du film Psychose d’Alfred HITCHCOCK, leur a permis de constater la manifestation de phénomènes absolument extraordinaires et tout à fait inexplicables pour des non-initiés. En effet, d’une pièce à l’autre, parfois, la température avait baissé, tandis qu’un lustre avait légèrement bougé (filmé par la caméra, si, si, on voit dans le film que le lustre bouge !). Mais surtout, à l’issue de l’expérience, toute l’équipe, à l’unanimité (il faut le souligner) affirme « avoir ressenti une émotion ! » (DIXIT). Un des membres précise qu’il s’agissait de la même sensation que lorsqu’il avait visionné le célèbre film Shining (1980) de Stanley KUBRICK (DIXIT) : une si grande analogie est impossible à inventer et, à elle seule, constitue un indice majeur. Finalement, l’accumulation d’un tel nombre de preuves n’admet pas de contestation.  

    Pour RIP Production, c’est donc une certitude : « quelqu’un a tenté de communiquer avec l’équipe » (DIXIT) ; impossible, en effet, de les contredire, puisque cela correspond à leur ressenti. Reste la question : pourquoi donc cette tentative de communication, si flagrante, si clairement amorcée, a finalement échoué ? Comment se fait-il que les enquêteurs n’aient pas pu dialoguer avec le « Connétable des Lettres », au même titre que Victor HUGO avait dialogué longuement (en français) et sans difficultés particulières avec PLATON, Jules CESAR, JESUS (qui lui demande avec insistance de reformer le christianisme), MAHOMET, DANTE, SHAKESPEARE, MOLIERE, sans oublier les esprits de la MORT et de la CRITIQUE LITTERAIRE, etc. lors de ses séances de spiritisme à Jersey ? (cf. article dans ce blog du 16 mars 2023, « Barbey et l’irrationnel »). Les enquêteurs sont intrigués, et n’ont pas pu formuler de réponse définitive. Mais moi, je pense détenir l’explication. Si l’esprit de BARBEY n’a pas répondu aux nombreuses sollicitations, par exemple : « esprit de BARBEY, c’est toi qui as bougé le lustre ? » (DIXIT), cela est imputable au fait que ces braves enquêteurs n’ont pas compris que le « Connétable des Lettres » avait horreur d’être tutoyé par des inconnus. D’autres interpellations sont, également, restées sans réponse : « Est-ce que cette chambre est habitée par une entité ? » (DIXIT) ; être traité « d’entité » pour un homme aussi ombrageux que BARBEY, cela ne pouvait pas passer ! Encore heureux qu’il ne leur ait pas envoyé le lustre sur la tête. Il faudra donc revenir dans les lieux, en intégrant dans le dialogue les formules de courtoisie du XIXe siècle : aucun doute qu’à l’occasion de cette nouvelle enquête, l’esprit de BARBEY répondra nous révélant, par exemple, s’il a vraiment écrit la Septième diabolique (cf. article dans ce blog du 22 décembre 2022, « Vous avez adoré Tintin ? Vous aimerez donc (un peu) le roman d’Adrienne Weick, ’’La septième diabolique’’ »). 

    En dépit de ces interrogations, les conclusions de l’équipe RIP Production sont formelles : « La petite ville de Valognes abrite un lieu d’où on peut communiquer avec l’au-delà » (DIXIT). En conséquence, la simple hypothèse de départ a été confirmée, et les braves enquêteurs sont en mesure d’affirmer, de manière aussi lapidaire que définitive : « Hantise constatée » (DIXIT). Jamais, nous ont confirmé les deux frères AUGUSTO, une enquête de RIP Production n’avait produit de résultats aussi extraordinaires ! Nicolas AUGUSTO et son frère, ainsi qu’Alan KARDEC et Ferdinand LOP, font vraiment partie de ces grands hommes de l’Histoire devant lesquels il faut s’incliner et admirer le front immense, derrière lequel bat un grand cœur !  

    En prenant connaissance de ces conclusions, j’ai été saisi par le vertige. Depuis 2500 ans, philosophes, théologiens et scientifiques cherchent la réponse aux questions essentielles qui hantent l’humanité : qu’est-ce que l’au-delà ? existe-il ? si oui, peut-on entrer en contact avec cette dimension ? qu’est-ce que la mort ? l’âme existe-t-elle ? si oui, disparaît-elle avec le corps ou bien poursuit-elle une vie autonome ? dans ce cas, à quel endroit se retrouve-t-elle : sur terre ou dans l’outre-tombe ? Toutes ces questions peuvent, finalement, être ramenées à une seule, incontournable : la signification de l’existence. Or, RIP Production, avec son EMF à 32€, y a répondu, et définitivement !!!  

    J’avoue que jusque-là, j’étais comme les humains dans la caverne de PLATON, enchaîné, en train de regarder les silhouettes qui se dessinaient sur la paroi du fond, pâles images des statues que des figurants occultes promenaient derrière moi, et je pensais que ces images représentaient la vérité. À présent, grâce à RIP Production, je suis sorti de la caverne, j’ai jeté aux orties toutes les préconisations de la science, j’ai opté moi aussi pour le « ressenti » et j’ai pu contempler le soleil, c’est-à-dire la vérité « vraie », le monde supérieur de « l’Être » ; oui, on m’a révélé la signification de l’existence !   

    Une question se pose : comment réagira l’humanité, après des milliers d’années d’obscurité philosophique, théologique et scientifique au fond de sa caverne, à cette soudaine prise de conscience ? J’ai eu un flash prémonitoire, et j’ai « vu » les images de BFM-TV : l’opinion publique mondiale ayant appris les conclusions de RIP Production, une foule était en train de mettre à sac le Vatican, le pape FRANCOIS (réfugié au Castel Sant’Angelo sous la protection des gardes suisses) ayant osé déclarer que l’Église catholique maintenait la condamnation de toute tentative de communication avec les esprits d’outre-tombe. J’ai « vu », aussi, la première page de Libération, annonçant qu’en France les manifestants opposés à la réforme des retraites (et aux méga-bassines), réclamaient au gouvernement un cadre législatif définitif, allant bien au-delà de la problématique du nombre de trimestres permettant d’obtenir une pension de retraite à taux plein, mais prenant en compte, aussi, le sens de la vie, avec une référence précise à une finalité dépassant le cadre purement phénoménal au bénéfice d’une primauté de « l’Être » transcendantal. Toujours dans mon flash prémonitoire, la « une » du Figaro annonçait que le président MACRON avait réagi rapidement, créant un ministère de « L’Être et du non-Être, de la désincarnation, de la métempsychose et de l’invisible », avec à sa tête Nicolas AUGUSTO dont le premier geste, hautement symbolique, a consisté à déposer une gerbe au cimetière du Père Lachaise, sur la tombe d’Allan KARDEC, le plus célèbre spirite français. Le discours annonçant son programme, très court mais particulièrement apprécié, était entièrement axé autour du film La nuit des morts-vivants de George ROMERO (1968), le nouveau ministre réclamant « une citoyenneté pleine et entière pour les trépassés afin que la République puisse prendre en charge leurs revendications et éviter ainsi des malheureuses jacqueries à venir, telle que celle décrite, de manière tragiquement prémonitoire, dans le célèbre film de ROMERO ». Pour sa part, Philippe POUTOU déclarait sur LCI qu’il « fallait soustraire à l’initiative individuelle et capitaliste toute manœuvre spéculative sur ce qu’on nomme la mort et l’au-delà, et trouver une réponse collective à l’exigence métaphysique ressentie par les masses des travailleurs ».   

                                                                                          Julien SAPORI

    À bientôt sur ce BLOG pour le 3ème épisode de cette saga extraordinaire : "Un ultra-cartésien refuse l'évidence en niant la présence du fantôme de Barbey d'Aurevilly au Grand Hôtel du Louvre de Valognes".


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  • LE FANTÔME DE BARBEY HANTE L’HÔTEL DU LOUVRE À VALOGNES !

    épisode n° 1

    Avant de louer son appartement à l’Hôtel de Grandval-Caligny en 1872, BARBEY D’AUREVILLY avait ses habitudes au Grand Hôtel du Louvre, sis dans la même rue des Religieuses, au numéro 28, à Valognes, soit pour dîner, soit pour y coucher. Il réservait plus particulièrement la chambre n° 4.  Or, il y a une dizaine d’années, on y a signalé un hôte surprenant : son fantôme !

    Illustrations :

    -Le Grand Hôtel du Louvre à Valognes, 28 rue des Religieuses, ancien relais des postes (coll. part).

    -La chambre n° 4 du Grand Hôtel du Louvre à Valognes, où Barbey d’Aurevilly avait l’habitude de séjourner (coll. part.).

     

     Extrait d’un article publié dans Ouest-France du 8 octobre 2012 :     « ’’Le Grand hôtel du Louvre est-il hanté ?’’ se sont demandés Hervé Tabourin et Frank Lebastard, ses propriétaires, lorsque des clients leur ont affirmé avoir aperçu la silhouette de Jules Barbey d'Aurevilly à la fenêtre d'une des chambres de l'hôtel. Hôte célèbre de l'établissement, l'écrivain qui y séjourna à la fin du XIXe siècle s'inspira directement du lieu pour situer le décor d'une nouvelle de son recueil ’’Les Diaboliques’’, intitulée ’’Le Rideau cramoisi’’. Aujourd'hui encore, la chambre n° 4 avec sa cheminée et ses boiseries de style Louis XV, où logea le grand auteur, est disponible à la location. Et, c'est dans cette chambre que d'autres phénomènes paranormaux, comme des déplacements nocturnes d'objets usuels, ont été signalés par d'autres clients ».

    Cette information fracassante a attiré l’attention d’une équipe de chasseurs de fantômes, RIP Production, (RIP pour « Recherches et Investigations Paranormales »), qui en avril et mai 2013, s’est rendue dans les lieux afin d’élucider le mystère. Par la suite, RIP Production a publié les résultats de son enquête, non pas dans une revue scientifique indigeste et réservée à une poignée d’initiés mais, très démocratiquement, sur youtube, où vous pourrez la consulter et apprécier son approche novatrice. Le film ainsi réalisé est monté avec un brio fort agréable, comme une pub : musique d’ambiance angoissante, images au ralenti, coloriage couleur « sépia » pour faire vintage etc. Il le fallait car, osons le dire, les deux épisodes, de 54 minutes chacun, sont plutôt soporifiques : il ne s’y passe strictement rien, mis à part les monologues des chasseurs de fantômes.

    « Nous avons une approche historique et scientifique des phénomènes paranormaux sur lesquels nous enquêtons », expliquent Anthony et Nicolas AUGUSTO, les piliers de RIP Production. Dans un interview du 6 avril 2014 en ligne sur Paperblog, les deux frères exposent leur parcours, et comment ils ont accumulé au fil du temps des connaissances qui les ont rendus incontournables dans le monde des recherches sur le paranormal. Ces connaissances, ils affirment les avoir acquises essentiellement devant les écrans, petits ou grands, que ce soit la télévision (avec la série X-Files) ou le cinéma : La maison des 1000 morts, The Devil’s Rejects, Paranormal Activity, Projet Blair Witch, Maniac, Vendredi 13, Le Jour des morts vivants (au sujet de ces trois derniers, ils précisent qu’ils contiennent « quelque chose de vrai », et qu’ils aiment « ce côté malsain » - DIXIT). Ils déplorent qu’en France ces films n’aient pas connu le succès mérité, en raison de la culture « ultra cartésienne » qui sévit encore (en effet, 13% seulement des Français croient aux fantômes, contre 51% des Américains – ce qui démontre à quel point nous sommes arriérés par rapport à la patrie de Donald TRUMP !). En dehors des films de fiction, les frères AUGUSTO ne semblent disposer d’aucune autre compétence en matière de « paranormal » (diplômes, formation, rédaction ou même, tout simplement, lecture d’articles ou de livres sur le sujet). Incultes et fiers de l’être, ils incarnent ainsi parfaitement le XXIe siècle et la civilisation de l’image, inspiré par les peintures rupestres et le chamanisme du paléolithique, qui va succéder à celle du livre, des études, de l’expérimentation, en un mot : de la culture, devenue désormais un phénomène anachronique et discrédité réservé aux « vieilles barbes ». L’avenir, comme l’a affirmé un grand penseur de notre temps, Mme Sandrine ROUSSEAU, c’est aux sorcières, qui remplaceront (avantageusement pour l’humanité) les ingénieurs.

    Postérieurement à l’enquête sur le Grand Hôtel du Louvre, Nicolas AUGUSTO a publié un roman « post-apocalyptique », Les saisons du Paradis, aux Editions TREDANIEL, décrites ainsi sur la page wikipedia qui leur est dédiée : « La ligne éditoriale de cette maison d'édition, qualifiée de ’’fourmilière à charlatans’’, se focalise dans les domaines des pseudosciences, de l'ésotérisme, des croyances, de la divination, de la médecine non conventionnelle, du développement personnel et d'autres domaines ». Certes, un autre site internet, Moustique, a publié le 19 juin 2015 un article dénigrant pour RIP Production ; en voici un extrait : « Mais ici, aucun marshmallow géant à l'horizon [contrairement au film SOS Fantômes], juste des parquets qui grincent, des ombres dans les miroirs, des bruits effrayants ou des brises glaciales qui traversent les pièces. Racoleur sur la forme (c'est filmé comme le Projet Blair Witch, et Sofia mime très bien la peur), le menu est à prendre pour ce qu'il est : un zoom sur un métier qui fait doucement sourire... mais pas toujours ». Toutes ces critiques ne doivent pas nous impressionner : il y aura toujours des jaloux ou des « ultra-cartésiens » pour dénigrer le travail des « avant-gardistes » : Giordano BRUNO n’a-t-il pas été condamné à mort et brûlé vif en l’an 1600 pour avoir affirmé que l’univers était infini ?

    Concernant le Grand Hôtel du Louvre à Valognes, l’équipe annonce avoir procédé d’abord à une contextualisation, via archives et cadastre, dont voici les conclusions : BARBEY était un écrivain plongé dans l’occultisme et l’ésotérisme, « réputé pour pratiquer la sorcellerie » (DIXIT). Certes, les biographes de l’écrivain ignoraient jusqu’à présent ce détail pourtant essentiel et révélé, pour la première fois, par RIP Production, mais peu importe, car il existe une preuve incontournable, qui manifestement a échappé aux historiens attitrés (ou, pire, qu’ils ont refusé de prendre en considération en raison de leur culture « ultra cartésienne ») : oui, BARBEY a écrit un livre qui s’intitule Les Diaboliques ! Le diable étant étroitement associé aux fantômes, comme chacun le sait, toute preuve supplémentaire serait donc redondante et inutile.

    Après ces fortes présomptions, viennent les indices matériels proprement dits, fournis par les deux propriétaires de l’hôtel du Louvre. Les voici : un client (inconnu) aurait déclaré avoir aperçu la silhouette de BARBEY à une fenêtre du grenier ; un autre client (inconnu lui aussi) aurait relaté que sa trousse de toilette avait changé de place ; une employée de l’hôtel a peur de se trouver seule, la nuit, dans les lieux ; et, dulcis in fundo, parfois, dans cet immeuble vieux de plusieurs siècles… les sols craquent ! Précision absolument négligeable : les deux propriétaires de l’hôtel n’ont jamais rien remarqué d’anormal, mais il s’agit, de toute évidence, d’individus « ultra-cartésiens », réfutant les dernières avancées de la connaissance en matière de fantômes, d’esprits d’outre-tombe, de morts vivants et de sorcières, qui, d’après nos informations, n’ont même pas visionné le film Le Jour des morts vivants : comment pourraient-ils donc être crédibles ? Par ailleurs, le détail (très important !) de la trousse de toilette qui a changé de place, confirme que le fantôme en question est bien celui de BARBEY, très attentif, tout au long de sa vie, à son apparence, qui se maquillait et teignait ses cheveux ; rien d’étonnant donc que son fantôme s’intéresse aux trousses de toilette.

                                                                           Julien SAPORI

    PS. La suite dans le prochain article : "Hantise constatée’" au Grand Hôtel du Louvre à Valognes ! Vous y lirez les conclusions proprement "stupéfiantes" auxquelles est parvenue l’équipe de RIP Production.


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    BARBEY ET L’IRRATIONNEL

     

    On connaît l’admiration de Barbey d’Aurevilly pour SHAKESPEARE : « je ferai du Shakespeare dans les fossés du Cotentin », disait-il ; on connait, aussi, l’importance de l’irrationnel (spectres, fantômes et autres esprits de l’au-delà) dans l’œuvre du poète anglais, qu’il s’agisse de Hamlet, de Richard III ou de Macbeth. Qu’en est-il chez Barbey ?

    Illustrations :

    -L’Ensorcelée, de BARBEY d’AUREVILLY (1852) ; les pâtres en conversation avec Maître Le Hardouey, dessin au crayon de Nicolas LENOIR (coll. part.).

    -Le Moine, de Grégory LEWIS (1796) ; gravure représentant Lucifer assis sur une table, en train de dialoguer avec le protagoniste, le moine dévoyé Ambrosio (coll. part.).

     

     

     

    Dans L’Ensorcelée, qui se déroule dans la lande de Lessay (Manche), BARBEY introduit le lecteur dans une ambiance de mystère, de crainte et de magie. C’est sans doute l’œuvre la plus clairement « irrationnelle » du grand écrivain normand. Selon une technique narrative qu’il maîtrise parfaitement (cf. Le Rideau Cramoisi), le conteur (est-ce lui-même… ?) reçoit les confidences d’un 2ème narrateur (Maître Louis TAINNEBOUY, fermier) lequel rapporte à son interlocuteur les témoignages de tierces personnes : entre le lecteur et le récit, se trouvent donc trois « filtres » successifs, qui permettent de bâtir une distanciation entre le récit et sa perception. S’y ajoute une distance temporelle, les faits relatés étant antérieurs de plusieurs décennies. Est-ce vrai, finalement, ce qu’on raconte au sujet des pouvoirs magiques des pâtres du Cotentin ? Ni le 1er narrateur (BARBEY), ni le 2ème (Maître TAINNEBOUY) n’en ont été témoins. BARBEY ne se prononce pas, et veut paraître uniquement comme un « passeur ». Il suggère, et raconte une légende qu’il affirme ne pas avoir forgée lui-même, se situant presque dans une démarche anthropologique relevant du folklore. Les sources, il les trouvait très probablement dans sa mémoire, dans les récits fantastiques qu’on lui racontait, à Saint-Sauveur-le-Vicomte et à Valognes, lorsqu’il était enfant.

    Dans L’Ensorcelée, l’irrationnel est donc incarné par les pâtres du Cotentin ; voici comme BARBEY les décrit :

    « Il y a dans la presqu’île du Cotentin, depuis combien de temps ? on l’ignore, de ces bergers errants qui se taisent sur leur origine, et qui se louent pour un mois ou deux dans les fermes, tantôt plus, tantôt moins. Espèces de pâtres bohémiens, auxquels la voix du peuple des campagnes attribue des pouvoirs occultes et la connaissance des secrets et des sortilèges. (…) Tantôt solitaires, tantôt en troupe de cinq à six, ils rôdent çà et là, en proie à une oisiveté qu’ils n’occupent jamais que d’une manière, c’est-à-dire en conduisant quelques troupeaux de moutons le long du revers des fossés, ou les bœufs de quelque herbager d’une foire à une autre. Si par hasard un fermier les expulse durement de son service, ou ne veut plus les employer, ils ne disent mot, courbent la tête et s’éloignent ; mais un doigt levé, en se retournant, est leur seule et sombre menace ; et presque toujours un malheur, soit une mortalité parmi les bestiaux, soit les fleurs de tout un plant de pommiers brûlées dans une nuit, soit la corruption de l’eau des fontaines, vient bientôt suivre la menace du terrible et silencieux doigt levé ». 

    Dans tout le Cotentin il a été longtemps question non seulement de pâtres aux « pouvoirs occultes » mais, aussi, de diables, de magie, de loups-garous et autres jeteurs de sort ; cette mémoire orale est attestée et documentée. A titre d’exemple, à La Haye-du-Puits, s’était déroulé en 1670 le dernier grand procès en sorcellerie de France, raconté par Louis COSTEL dans son livre Car ils croyaient brûler le diable en Normandie (1978). Un certain Jacques NOËL, se croyant possédé par le démon, avait accusé plusieurs personnes de lui avoir lancé des sorts ; la Justice s’en était saisie, et une dizaine d’arrestations avaient été effectuées. Soumis à la torture, certains prévenus déclarèrent avoir assisté à des « sabbats » de sorcières ; parmi eux, figurait Antoine QUESTIER, curé de Coigny, qui fut condamné à mort par le Parlement de Rouen (la sentence sera cassée par la suite, les procès en sorcellerie n’étant plus au goût des temps). Peut-on envisager que BARBEY s’en soit inspiré pour le personnage de l’abbé de la CROIX JUGAN, le protagoniste de L’Ensorcelée ? 

    L’irrationnel, chez BARBEY, n’est pas traité dans la lignée des « romans gothiques », notamment britanniques, précurseurs du mouvement romantique, tels que Le Moine (1796) de Grégory LEWIS, qui n’hésite pas à mettre en scène LUCIFER lui-même. Attention, il ne s’agit pas du diable de Georges BERNANOS (qui, dans Sous le Soleil de Satan est bien présent, certes, mais dont la représentation reste allégorique) ; non : le diable de LEWIS c’est le « vrai » LUCIFER, avec tout l’attirail habituel de cornes et d’ailes. Voici la description qu’en fait LEWIS dans son roman :

    « On entendit un grand coup de tonnerre ; la prison fut ébranlée jusque dans ses fondements ; un éclair brilla dans le cachot, et l’instant d’après, porté sur un tourbillon de vapeurs sulfureuses, Lucifer reparut devant lui. Mais il ne vint plus tel qu’il était, lorsque, évoqué par Mathilde, il avait emprunté la forme d’un séraphin pour tromper Ambrosio : il se montra dans toute sa laideur qui est devenue son partage depuis sa chute du ciel ; ses membres brûlés portaient encore les marques de la foudre du Tout-Puissant ; une teinte basanée assombrissait son corps gigantesque ; ses mains et ses pieds étaient armés de longues griffes ; ses yeux étincelaient d’une fureur qui aurait frappé d’épouvante le cœur le plus brave ; sur ses vastes épaules battaient deux énormes ailes noires, et ses cheveux étaient remplacés par des serpents vivants qui s’entortillaient autour de son front avec d’horribles sifflements ».

    Rien de tout cela dans l’œuvre de BARBEY ; les lecteurs qui parcourront Les Diaboliques à la recherche… du diable, resteront donc sur leur faim, car ils n’y trouveront pas la moindre présence, apparition ou allusion, le « Seigneur des Ténèbres » n’étant même pas évoqué dans les conversations et les pensées des divers protagonistes. Pas non plus de spectres ou de séances de spiritisme, BARBEY ne sacrifiant pas à ce phénomène, pourtant très à la mode à son époque, pratiqué de manière particulièrement intense par son « ennemi » Victor HUGO, qui, à Guernesey, « conversait » régulièrement avec PLATON, HANNIBAL, Jules CESAR, JESUS CHRIST, MAHOMET, DANTE (et même SHAKESPEARE : dommage que BARBEY ne fut pas présent) tous s’exprimant dans un français parfait au style, très étrangement, fort « hugolien »...

    Pour le « Connétable des Lettres », Satan n’a aucune consistance réelle ; et il en est de même pour les sorciers, fantômes et autres revenants : il s’agit de pures allégories, d’éléments de langage. Satan, pour le chrétien BARBEY hanté par le péché, ce sont les personnes qui dérapent - bien davantage, par ailleurs, à cause de leurs passions qu’en raison d’une « méchanceté » intrinsèque. Il rejoint ainsi son inspirateur, SHAKESPEARE, qui avait écrit : « L’enfer est vide, tous les démons sont ici ».

                                                                                    Julien SAPORI 

    PS : dans le prochain article, il sera question de BARBEY et de fantômes au XXIème siècle…


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